Gaz, douleurs, ballonnements… la liste des désagréments quotidiens est longue chez les personnes qui souffrent du syndrome de l’intestin irritable (SII). Face à des traitements parvenant difficilement à améliorer les symptômes liés au SII, nombreux sont les malades à chercher d’autres voies salvatrices, dont l’acupuncture. Acupuncture et syndrome de l'intestin irritable font-ils la paire ? Son efficacité est-elle avérée ? On vous explique tout.
Acupuncture : précis de base
L’acupuncture fait partie intégrante de la médecine traditionnelle chinoise depuis plusieurs milliers d’années avant notre ère, au même titre que la moxibustion.
Les dogmes de l’acupuncture estiment que le corps humain représente un petit univers relié par des canaux qui, s’ils sont stimulés, aident le praticien à tonifier les fonctions autorégulatrices de l’organisme, conférant ainsi une bonne santé au patient.
Afin de stimuler lesdits canaux, des aiguilles d’acier inoxydable sont posées sur les points situés sur ces canaux pour restaurer l’équilibre du corps mais également de prévenir et traiter le mal. L’acupuncture semble loin d’être une médecine hasardeuse, puisque les aiguilles sont sélectionnées selon la condition du patient afin de piquer et stimuler les points choisis. La profondeur de la piqûre de l’aiguille est également fonction des troubles ou de la pathologie.
Les points d’acupuncture sont situés sur des lignes nommées méridiens, au nombre de 14, reliées aux organes et aux fonctions de notre organisme. L’énergie vitale de l’organisme (chi ou qi) circulerait à travers ces 14 canaux.
L’acupuncture est-elle prise en charge en France ?
L’acupuncture peut être prise en charge par la Sécurité sociale si des séances sont prescrites et intégrées dans un parcours de soin par votre médecin traitant. La consultation doit être réalisée par un médecin-acupuncteur conventionné pour une prise en charge de 70% de la base d’une consultation de médecin généraliste. Si la consultation a lieu hors du parcours de soin, le remboursement passe à 30% et le tarif de base diminue. Certains forfaits proposés par les mutuelles peuvent prendre en charge le complément.
Si le praticien n’est pas conventionné, nul remboursement ne peut être attendu, sachant qu’une séance coûte de 35 à 70 €.
Acupuncture et syndrome de l’intestin irritable : que penser ?
Des bénéfices selon certains…
Les études se sont multipliées ces dernières années afin d’évaluer les bienfaits sur les symptômes des personnes souffrant du SII. Une première étude anglaise de 2012, menée sur 233 personnes souffrant du SII, a observé les bénéfices d’une séance d’acupuncture par semaine en plus du traitement de référence durant dix semaines. Trois mois après le début de l’étude, 49% des patients avec traitement classique et acupuncture soulignaient une amélioration de leurs symptômes, contre une amélioration des symptômes chez 31% des patients ayant suivi leur traitement usuel. Fait à noter : les bénéfices constatés perdurent jusqu’à un an après le début des séances d’acupuncture.
Une deuxième étude dirigée par la fondation des sciences naturelles de Chine a quant à elle souligné que l’acupuncture permettait de réguler en partie la motilité intestinale, l’axe intestin-cerveau, l’hypersensibilité viscérale et le système immunitaire. Si ces résultats ont fait grand bruit lors de leur parution en 2014, des limites sont à souligner. Ladite étude a été menée sur seulement 20 personnes et, tout comme l’étude précédemment citée, les effets de l’acupuncture ont été mesurés par rapport aux traitements de référence, alors qu’il est d’usage de comparer à un placebo. Et c’est ce qu’a fait la prestigieuse Cochrane Collaboration.
Des effets nuls selon d’autres
L’équipe de la Cochrane Collaboration a en effet comparé des patients ayant bénéficié d’acupuncture avec d’autres ayant bénéficié de séances d’acupuncture simulée, destinées à servir de placebo. En cas d’acupuncture simulée, le patient croit recevoir une réelle séance alors que soit les aiguilles ne pénètrent pas dans la peau, soit ne sont pas placées sur les points d’acupuncture, ou les deux à la fois. Or, les résultats collectés sur 411 patients ne mettent pas en évidence une supériorité de la médecine traditionnelle chinoise sur celle simulée, qu’il s’agisse d’amélioration de la qualité de vie ou des symptômes du SII.
L’avis de la rédaction
Il serait présomptueux d’adopter une position ferme quant aux bienfaits supposés ou non de l’acupuncture sur les symptômes liés au SII. En effet, difficile de savoir si la supériorité signalée de l’acupuncture par rapport aux traitements de référence était en partie ou totalement due au fait que les patients attendaient une amélioration plus conséquente avec l’acupuncture qu’avec des médicaments.
Mais le plus important ne serait-il pas finalement le ressenti des patients ? Si certains ont perçu des bénéfices, ou si vous souhaitez essayer et que vous constatez une amélioration, pourquoi s’en priver ? N'hésitez pas à en discuter avec votre médecin traitant.
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Sources
- Unesco,
- Cochrane Collaboration,
- NCBI,
- NCBI,
- NCBI,