Selon l’Association internationale des édulcorants (ISA), le terme édulcorant est réservé aujourd'hui aux composés qui apportent le goût sucré en limitant les calories. Il s'agit principalement des édulcorants intenses (EI), dénommés ainsi car leur pouvoir sucrant est de 100 à 600 fois celui du sucre. Si l’utilisation des édulcorants est très réglementée, sa consommation n’en n’est pas moins délétère. Explications.
Définition des édulcorants
En Europe, dix édulcorants intenses sont actuellement utilisés dans l’industrie agro-alimentaire. Il s’agit de :
- la saccharine,
- le cyclamate,
- l'aspartame,
- le sucralose,
- l'acésulfame-potassium,
- les glycosides de stéviol (stévia).
Un grand nombre de produits alimentaires en contiennent : sodas, produits laitiers (yaourts, glaces), desserts, chewing-gums… mais ils ne sont pas autorisés dans les aliments destinés aux nourrissons et aux enfants en bas âge.
Les édulcorants sont également présents dans de nombreux médicaments (sirop, sachets, pastilles…). Chaque édulcorant possède une saveur, des caractéristiques et des avantages qui lui sont propres.
Quelle dose d'édulcorants peut-on consommer ?
Pour une femme de 55 kg, la dose journalière admissible (DJA), c’est-à-dire la quantité d'édulcorant intense pouvant être consommée quotidiennement et durant toute une vie sans risque pour la santé, est exprimée en mg par kilo de poids corporel et par jour :
- Aspartame: 40 mg
- Acesulfame-K: 9 mg
- Cyclamate: 7 mg
- Saccharine: 5 mg
- Sucralose: 15 mg
- Glycosides de stéviol (stévia): 4 mg (2)
Les édulcorants acaloriques et non cancérigènes
Excepté l'aspartame (4 calories/g), les EI sont acaloriques. Ils peuvent jouer un rôle important dans le maintien du poids lorsqu'ils s'intègrent dans un mode de vie incluant une alimentation équilibrée et une activité physique régulière.
Les diabétiques peuvent en consommer car ils n'ont pas d'impact sur la glycémie et la sécrétion d'insuline. Les EI sont sans danger pour les femmes enceintes, ils n’ont aucun effet sur le développement du bébé. Non cariogènes, les enfants peuvent donc en consommer sans crainte pour leur hygiène bucco-dentaire.
Ils n’auraient aucun effet sur le développement des cancers. « Les polémiques visant à établir un lien entre la consommation d'EI et le risque de développer certains cancers n'ont aucun fondement scientifique affirme le Dr Carlo La Vecchia de l'institut Mario Negri de Milan (Italie). Les différents travaux internationaux menés par des experts de renom démontrent que les EI ne sont pas cancérigènes. » Tout va bien dans le meilleur des mondes ! Consommons des édulcorants sans peur !
Oui, mais non : l'effet secondaire des édulcorants
Une étude australienne menée par le Pr Peter Clifton (université d’Australie du Sud) a suivi 5158 personnes durant 7 ans. Les résultats ne permettent pas de prouver que la consommation d’EI a un effet sur le diabète de type 2 ou sur le contrôle de la glycémie. En revanche, il apparaît que la consommation d’EI a un effet sur les capteurs du goût sucré dans la bouche et sur le microbiote. De plus, elle modifierait la sécrétion de glucagon, de peptide et de ghréline ce qui aurait un effet sur la glycémie des consommateurs d’EI mais également sur l'appétit. Une sécrétion plus conséquente de ghréline va en effet favoriser la sensation de faim. Une petite étude a d'ailleurs constaté que les apports caloriques n'étaient pas moindres chez des consommateurs d'édulcorants, par rapport à des personnes n'en consommant pas.
Selon le Pr Clifton, « Les consommateurs d'édulcorants artificiels ne réduisent pas leur consommation globale de sucre. Ils utilisent à la fois du sucre et des édulcorants hypocaloriques, et ont parfois l’impression qu’ils peuvent consommer leurs aliments préférés sans risque. En outre, les édulcorants modifient également le microbiote intestinal, ce qui peut entraîner une prise de poids et un risque du diabète de type 2 », explique le chercheur. Les EI ne sont pas sans effet sur notre métabolisme, certes, mais c’est surtout notre façon de les consommer qui pose un problème.
Des interrogations persistent
Si des études épidémiologiques prospectives ont effectivement montré que la consommation d’EI expose à un risque plus élevé de développer un diabète de type 2 (DT2), les mécanismes en cause restent inconnus. Chez les animaux, une exposition aiguë à ces EI active des récepteurs intestinaux gustatifs, entraînant un relargage d’un certain nombre de peptides, comme le GIP (fabriqué au niveau des cellules proximales K de l’intestin), le GLP 1 et le GLP 2. Ces édulcorants entraînent également une augmentation de l’absorption du glucose et conséquemment des glycémies postprandiales plus élevées. Cependant, on ignore jusqu’à présent si les EI peuvent altérer l’absorption du glucose chez l’humain et de ce fait modifier le contrôle glycémique post-prandial d’une façon péjorative.
Alors, si vous voulez maigrir, suivez les conseils du Pr Clifton, ayez « une alimentation saine, qui comprend beaucoup de céréales complètes, des produits laitiers, des fruits de mer, des légumineuses, des légumes, des fruits et de l'eau plate ». Une petite sucrette dans votre café ?
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Sources :
International Sweeteners Association
Edulcorants.eu
Medisite
Food in Action