Depuis le début du confinement en Chine, des chercheurs se sont intéressés aux effets du confinement sur la santé mentale. Une étude est donc parue en Chine et, depuis mars, l’Inserm en a initié une. En même temps, The Lancet a mené une étude de littérature sur le confinement. Les résultats nous apprennent comment nous réagissons face à la solitude et quelles leçons nous pourrions en tirer. Mais on ne peut pas parler de stress du confinement sans mentionner notre façon personnelle de l’appréhender. Pour y répondre, nous envisagerons les impacts du confinement sur notre santé mental mais nous ferons aussi un un détour par la génétique, qui nous révèle que si certains ont un goût prononcé pour la solitude celui-ci serait d’origine génétique.
Les effets du confinement sur la santé mentale
La détresse psychologique
Le confinement fait apparaître des réactions très différentes selon les individus. Certains n’auront aucun problème tandis que d’autres en souffriront. Cette souffrance a très bien été détaillée dans une étude chinoise. Ses résultats montrent surtout la perception de cette situation par les femmes car, parmi les 52 730 réponses valides reçues en février 2020, la majorité des répondants étaient des femmes (64,73 %), contre 35,27 % d’hommes. Parmi les répondants, 35 % ont déclaré une détresse psychologique. La majorité était des femmes, sans surprise puisque ce sont elles qui ont le plus répondu, mais aussi les personnes âgées de 18 à 30 ans. Celles-ci avaient accès très facilement à un grand nombre d’informations stressantes ou angoissantes. Les personnes qui ressentaient vraiment cette détresse, étaient toutes celles âgées de plus de 60 ans. Elles représentent la population la plus touchée par la mortalité. A l’extrême, les jeunes de moins de 18 ans ne présentaient aucune détresse. Ils ont un faible taux de mortalité et n’ont que peu de contact avec l’extérieur, hormis les réseaux sociaux.
Le stress post-traumatique
« L'état de stress post-traumatique (EPST), ou syndrome de stress post-traumatique, se manifeste chez les personnes ayant été confrontées à un événement particulièrement traumatisant, provoquant une peur et/ou une détresse importante de manière soudaine. » Pour que l’EPST se manifeste, il faut que certaines conditions soient réunies : un antécédent traumatique (violence durant l’enfance, par exemple), une exposition au virus du fait de l’activité professionnelle, de nouvelles violences. Le confinement dans ce cas peut être la cause d’un stress-post-traumatique.
Les personnes victimes présentent une perte de la concentration, des troubles de mémoire ou du sommeil, hypervigilance, irritabilité, etc. Attention : l’EPST est un trouble psychotraumatique constitué, il ne survient qu’un mois après l’événement. On ne verra donc apparaître cet état qu’après le confinement.
La solitude subie
Le confinement peut donner lieu à une solitude plus ou moins bien supportée. Lorsqu’elle est subie et mal supportée, elle peut être la cause indirecte de pathologies mais précisons bien qu’elle n’en est pas la cause première. Beaucoup d’études ont montré l’impact délétère de la solitude sur l’état de santé des personnes. Ainsi, en 2016 des chercheurs montraient que parmi 180 000 personnes, l’isolement social pouvait entraîner un risque accru de 29 % de crise cardiaque et 32 % d’accident vasculaire cérébral.
Précisons cependant que les personnes dépressives ont tendance à s’isoler mais les personnes seules ont tendance à boire et fumer davantage, ce qui augmente le risque de développer une maladie cardiovasculaire. De plus, une personne seule est sujette aux insomnies, elle fait peu d’activité physique et a un régime alimentaire déséquilibré. Elle réunit ainsi beaucoup de conditions pour présenter des risques cardiovasculaires.
La colère
Depuis le début du confinement les violences conjugales ont augmenté de 30 % environ. Ces violences sont souvent l’expression d’une colère non canalisée surtout provoquée par un sentiment de frustration. Nous sommes frustrés surtout de ne pas pouvoir nous déplacer librement, mais aussi de perdre notre espace de tranquillité. En effet, confiné dans un appartement les pièces sont envahies par tous. Le bureau, où l’on pouvait trouver un peu de tranquillité est soudain envahi par d’autres membres de la famille. C’est ce que certains thérapeutes appellent le concept de la territorialité. « Au sein de la vie de couple, certains territoires jouent un rôle important. Les partenaires ont besoin d’attention, de maîtriser leurs idées et sentiments propres, d’avoir le contrôle, un refuge, des objets utilitaires, certaines tâches, et leur propre corps ». La notion de refuge trouve un écho particulier dans le contexte du confinement. Si nous revenons à notre exemple du bureau celui-ci est un refuge, « un lieu ou une situation où l’on peut se consacrer à ses propres pensées sans être dérangé par le partenaire ni par les membres de la famille ». Envahi par les enfants qui ne peuvent peut-être pas jouer ailleurs, la perte de ce refuge peut donner lieu à un sentiment de frustration et donc de colère.
L'inégalité génétique
Vous ne supportez pas la solitude mais certaines de vos connaissances n’ont pas l’air affecté. Notre réaction face au confinement et à la solitude dépend de nombreux facteurs, comme l’éducation, la personnalité, le milieu familial, etc. Mais, il vient aussi de nos gènes. Depuis le début des années 2000, on sait que le contact social provoque la libération d’endorphines responsables d’une sensation de bien-être. Plus notre cerveau est sensible à ces endorphines plus la sensation de bien-être est perçue, et donc la solitude sera dure à supporter. A contrario, moins notre cerveau est sensible moins la solitude sera pénible.
Le confinement n’a pas fini de nous en apprendre…
Sur le même sujet :
Confinement, quelles conséquences sur l'alimentation ?
5 astuces pour s'aérer l'esprit pendant le confinement
Sources :
BMJ Journals,
The Lancet,
BMJ Journals,
Cairn,
Sciences et Avenir,
Le Figaro,
France TV Info.