Une récente étude suggère qu’une analyse du cristallin de l’œil pourrait permettre de prédire un diabète de type 2, notamment chez des personnes ne présentant aucun symptôme. Explications.
Analyse du cristallin, un outil de dépistage à venir ?
Une équipe de l’Université d’Exeter Medical School (Royaume-Uni) a présenté lors de la dernière réunion annuelle de l’Association européenne pour l’étude du diabète (EASD) les premiers résultats de son étude pilote pour le moins étonnante. D’après cette équipe, il serait possible de détecter précocement un état de prédiabète (ou intolérance au glucose). Comment ? En examinant le niveau d’autofluorescence du cristallin, soit le milieu transparent de l’œil, à l’arrière de la pupille, en forme de lentille convexe.
Pour ce faire, l’équipe du Pr. Mitra Tavakoli a utilisé un biomicroscope ayant la possibilité de détecter les produits de glycation avancée (AGE) dans l’œil. Ledit biomicroscope va focaliser un faisceau de lumière bleue sur le cristallin afin d’évaluer l’autofluorescence dans la lumière réfléchie, permettant de connaître le niveau des AGE. Ces derniers sont intéressants à étudier car leur taux est corrélé à celui du taux de glucose dans le sang (glycémie). Leur étude pilote a eu lieu sur 60 personnes, 20 d’entre elles avaient déjà un diabète de type 2, 20 autres en état de prédiabète (glycémie plus élevée que la normale mais encore trop juste pour poser le diagnostic) et enfin 20 en bonne santé.
Une analyse du cristallin pour prédire le diabète de type 2 ?
Les premiers résultats sont encourageants : les niveaux d’AGE étaient bien plus élevés chez les personnes diabétiques, mais également chez celles en prédiabète. Les premiers tests apparaissent donc fiables et, de plus, non invasifs. Le Pr. Mitra Tavakoli estime ainsi que « l’autofluorescence du cristallin pourrait constituer un marqueur fiable du contrôle du diabète sur le long terme, permettant de prédire les risques de complications futures ». En effet, lors d’un diagnostic tardif du diabète de type 2, les risques de rétinopathie diabétique ou de lésion du nerf oculaire, toutes deux liées à une longue période d’hyperglycémie, sont fréquents. La rétinopathie touche par ailleurs un diabétique sur deux après quinze années avec cette maladie chronique.
Un nouvel outil semble se profiler, un outil prometteur qui pourrait améliorer la détection de cette maladie (10 années peuvent s’écouler entre son apparition et son diagnostic) ainsi que la surveillance des patients. Au Pr. Tavakoli de conclure : « bien qu’il s’agisse d’une étude pilote, des études cliniques de grande ampleur et sur le long terme sont nécessaires à la confirmation de ces résultats ».
Sur le même sujet :
Le diabète de type 2 a-t-il une origine génétique ?
Certains signes peuvent-ils suggérer un diabète de type 2 ?
Sources :
Mitra Tavakoli et al., « Scanning the lens of the eye could predict type 2 diabetes and pre diabetes », Diabetologia, septembre 2019